C) Les années Warner, deuxième époque (1977-1980) :

1) Une période de remise en cause :

Après l'échec de " Windows ", on se pose des questions au sein du groupe. Le 45 tours " Follow me ", en 1977, est un tournant pour le groupe. C'est le premier titre rythmé qui sort en single, les trois précédents étaient des slows. La chanson est signée Jean-Jacques Goldman qui pense que le groupe se doit d'évoluer. D'une certaine manière, on suit la mode de l'époque en enregistrant la chanson sur un rythme disco mais on conserve un son un peu rock avec les guitares saturées. Le slow traditionnel à la Taï Phong est toujours présent avec le titre " Dance " (signé Taï) mais sur la face B. Malgré ce virage, " Follow me " ne connaîtra pas le succès. On peut encore et toujours mettre cela sur le compte du manque de promotion qui fera défaut au groupe jusqu'à la fin.
" Follow me " est le dernier disque de Taï Phong enregistré avec Jean-Alain et Taï.


2) Les concerts et la tournée :

Dès octobre 1976, Taï Phong se prépare à faire de la scène. L'argent gagné avec le premier album a servi à acheter une sono (une console Midas 32 voies, une des rares à l'époque). En février 1977, le groupe semble prêt pour les concerts mais Jean-Jacques annonce qu'il ne veut pas faire de scène. Il reste pour les disques mais les tournées ne l'intéressent pas, ce qui est un problème pour le groupe. Jean-Jacques est à la fois un excellent guitariste et très bon chanteur, à la voix haute, nécessaire au style de Taï Phong. Et ces deux caractéristiques sont difficiles à réunir pour une seule personne. A défaut, arrivent deux musiciens : Lionel Lemarie (alias Charly) au chant et Marc Perrier à la guitare. Mais il ne resteront pas longtemps puisque Michael Jones, viendra vite les remplacer.
La décision de Jean-Jacques semblait avoir démotivé Jean-Alain. Ce dernier décide de quitter le groupe moins de deux semaines avant les premiers concerts et part pour Limoges. Stéphan Caussarieu tentera de le convaincre de faire au moins les premières dates mais en vain. Trouver en si peu de temps un clavier qui puisse apprendre tous les morceaux semblait impossible. La solution a donc été d'engager six personnes différentes qui allaient chacune jouer deux ou trois titres. Parmi eux, se trouve Angelo Zurzolo qui intégrera Taï Phong vingt ans plus tard pour le quatrième album. Après quelques concerts, ces six claviers seront remplacés par un seul : Pascal Wuthrich.
Les premiers concerts ont lieu comme prévu les 15 et 16 avril 1977 à la maison des arts de Créteil. Ces premières prestations scéniques se font dans un décor de plantes vertes, dominé par deux samouraï de trois mètres de haut à l'intérieur desquels on avait mis les amplis. Le light-show avait été mis au point par Lang, le troisième frère Ho Tong, qui avait déjà conçu les pochettes des deux premiers albums. Ces deux premiers concerts ont bien marché. En juin 1977, le magasine " Best " fait une bonne critique à ce sujet et affirme que Taï Phong avait pris " définitivement sa place au sein des plus grands groupes français ".
Malgré cela, la tournée ne va pas durer. Certaines circonstances vont pousser le groupe à arrêter les concerts. Une tournée d'été était prévue sur la côte Atlantique mais elle a été annulée pour cause de Marée noire (naufrage du pétrolier Amoko Cadis). Moins de vacanciers, c'était forcément moins de public. Khanh, lui, n'était pas satisfait. Il n'arrivait pas à créer l'ambiance recherchée. Michael Jones était un excellent chanteur mais n'arrivait pas à monter aussi haut que Jean-Jacques Goldman. Comme tout ne se déroulait pas comme prévu, Taï Phong arrête la scène et retourne en studio. C'est également le moment où Taï décide de quitter le groupe. Jean-Jacques, après l'échec d'un second 45 tours en solo (" Les nuits de solitude "), retrouve la nouvelle formation qui intègre à présent Michael Jones et Pascal Wuthrich.


4) Une période de recherche :

Les mois qui vont suivre semblent être une période incertaine pour Taï Phong. Le nouvel album se fait attendre. En deux ans, le groupe ne sort que deux 45 tours. " Back again / Cherry ", en 1978 et " Fed up / Shangaï casino " en 1979. On est de toute évidence à la recherche du tube. D'un coté, deux chansons lente, de l'autre deux titres au rythme disco. Le groupe ne sait plus trop quoi faire pour renouer avec le succès du temps de " Sister Jane ". De son coté, Jean-Jacques Goldman se cherche aussi en solo : un medley de slows incontournables, " Slow me again ", en 1978 ainsi qu'un troisième 45 tours en français (malgré le titre), " Back to the city again ", en 1979, ne lui apportent pas plus le succès.
Le groupe s'offre encore, malgré tout, quelques séances au studio du château d'hérouville. C'est là que Khanh, Stéphan, Pascal et Jean-Jacques (Michael est absent) enregistrent un disque de démonstration pour le compte du magasine Sono. Le rédacteur en chef, Jean-Paul Poincignon, avait cherché une idée pour le salon de la musique. Khanh lui a donc proposé d'enregistrer un disque 30 cm qui montre les différentes étapes de l'enregistrement d'une chanson. Il compose " Rise above the wind " pour l'occasion. Le résultat : une première face à écouter à la vitesse de 45 tours minutes avec des sons de test pour platines et une seconde face de 19 minutes, à écouter en 33 tours, où on entend le titre " Rise above the wind " se construire petit à petit. Ce n'est là qu'un échantillon du nombre d'heures qu'a nécessité l'enregistrement. Le disque était offert aux lecteurs du magasine Sono.


5) Un retour au grand format :

En 1979, le groupe n'avait pas sorti d'album depuis deux ans et demi. Pendant cette période, trois singles s'étaient succédés sans qu'un album soit envisagé. Selon la maison de disques Taï Phong n'était pas un groupe de 45 tours, il était donc temps de songer à un nouveau 30 cm. Le troisième album, " Last flight ", est enregistré entre février et juin 1979 et sort en Août. Cette fois-ci, il n'y a plus de vote pour le choix des titres. Chacun apporte sa composition. Il ne semble plus y avoir de cohésion au sein du groupe. Khanh est absent lors des enregistrements de " Sad passion ", tout comme Jean-Jacques sur " How do you do ". Aucun des deux ne participe à " Thirteenth space ". Stéphan Caussarieu, par contre, est bien présent sur tous les titres. Il est encore un des seuls à vouloir croire à ce disque.
" Last flight " est un album décousu, sans véritable unité musicale. Pourtant, les titres sont toujours de qualité. Le style aussi a évolué, vers un son moins planant, plus musclé, plus rock. On y trouve quelques morceaux puissants comme " Sad passion " ou " End of an end ". Le rythme alterne avec des mélodies lente sur des titres comme " Farewell gig in Amsterdam " ou " Last flight ".
Mais, malgré de bonnes critiques, cet album, comme le précédent laisse le grand public indifférent.


D) La traversée du désert (1980-1993) :

1) La séparation :

En 1980, le groupe se disloque. Il aurait pu enregistrer un quatrième album mais un problème de contrat avec l'éditeur décide les membres de tout arrêter. De toute manière, plus personne ne semble intéressé par la musique de Taï Phong. Chacun part donc de son coté.
Jean-Jacques Goldman, qui ne veut pas refaire de disque solo chez WEA, rompt son contrat et recherche une nouvelle maison de disque. La suite, on la connaît.
Michael Jones, après quelques aventures musicales plus ou moins bonnes (Week-end millionnaire, produit par Jean Mareska et Gulfsteam, produit par William Sheller) retrouve Jean-Jacques Goldman en 1983 pour ses concerts. Il ne le quitte quasiment plus depuis.
Khanh, lui, s'occupe de rubriques dans des revues musicales et ouvre un magasin d'instruments où Stéphan Caussarieu viens parfois donner des cours de batterie.
Ce dernier multiplie également les expériences musicales avec d'autres artistes. En 1982, il présente des chansons à Jean Mareska qui les fait écouter à des maisons de disques. L'année suivante, Stéphan signe chez Barclay et sort " Tous les nights and days ", un 45 tours qui a un succès d'estime. Mais la maison de disques s'arrête peu de temps après. Tout est donc à refaire. Stéphan retrouve un contrat chez Vogue en 1985 et publie " Taxi de nuit ", son deuxième single.


2) Taï Phong sort de l'oubli :

En 1984, le succès de Jean-Jacques Goldman remet Taï Phong au goût du jour. WEA ressort " Sister Jane " en 45 tours, ainsi que les trois albums en vinyl. La maison de disque édite en plus " Les années Warner ", une compilation qui reprend les six chansons en français enregistrés par Jean-Jacques Goldman entre 1976 et 1979 ainsi que trois titres de Taï Phong (un extrait de chaque album). Une plus jeune génération peut ainsi découvrir l'ancien groupe de Jean-Jacques Goldman.


3) Le déclic :

Lors de sa tournée 1985-86, Jean-Jacques Goldman décide de reprendre " Sister Jane " sur scène. Au départ, il fait appel à Khanh pour l'aider à trouver le son juste pour la chanson, puis lui propose de monter sur scène avec lui. Et les autres ont suivi… C'est ainsi qu'en décembre 1985, Khanh, Stéphan Caussarieu et Pascal Wuthrich se retrouvent au Zénith accompagnant Jean-Jacques Goldman et Michael Jones, le temps de " Sister Jane ".
Le fait de retrouver sur scène la formation " Taï Phong version 1979 " a été comme un déclic pour Khanh et Stéphan qui avaient toujours eu l'idée de reformer le groupe et de refaire un disque. D'autres critères allaient rendre les choses plus concrètes : Stéphan était déjà sous contrat chez Vogue, où travaillait aussi Dominique Lamblin, l'ancien responsable de l'international chez WEA en 1975. Stéphan avait en réserve une chanson qu'il trouvait bien pour Taï Phong : " I'm your son ". Khanh a composé " Broken dreams " pour la circonstance. Il ne restait plus qu'à retrouver un producteur : Jean Mareska allait reprendre du service.
Jean-Jacques Goldman a été contacté pour participer au disque. Il a accepté et fait les chœurs sur le titre de la première face, " I'm your son ". Pascal Wuthrich a aussi participé au disque mais comme musicien du groupe et non comme membre à part entière. En fait, officiellement, Taï Phong, c'était Stéphan et Khanh.


4) De nouveaux déboires :

Le 45 tours est sorti en 1986 mais n'a pas eu de succès. Un clip avait été tourné pour " I'm your son " dont 50 diffusions avaient été prévues sur la chaîne musicale TV6. Malheureusement, l'arrêt de celle-ci, peu de temps après, a coupé court à la promotion. La chanson est beaucoup passé dans les clubs mais ça n'était pas assez pour la faire connaître du grand public.
Suite à cet échec, l'album annoncé, " The return of the samouraï ", n'a pas vu le jour. Il n'a même pas pu être enregistré. Chacun est retourné à ses occupations.
En 1987, Stéphan Caussarieu sort un ultime 45 tours chez Vogue : " Même si tu m'aimes ". Peu de temps après, la maison de disques s'arrête… C'est l'éternel recommencement. Stéphan, un peu lassé de toutes ces mésaventures, s'offre un temps de réflexion.

 

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